IL PARAÎT QUE NOS ROUTES SE DÉGRADENT...

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Il paraît que nos routes se dégradent…

Par rapport à quoi ?

Affirmer que « les routes en France se dégradent » implique :
– de pouvoir mesurer une quantité de dégradations à des périodes successives 
– puis de calculer par différence que leur nombre augmente entre ces périodes.
Seule la mise en œuvre de cette méthode permet d’affirmer que les routes se dégradent ou non.  

Jean-Max Gillet
Délégué Général MRF

Les adhérents du collège « Bureaux de contrôles, d’études et d’expertises indépendants » réalisent ce type de prestations. Ainsi, la société NextRoad a réalisé ce travail pour un département sur 365 km d’itinéraires. Les dégradations suivies figurent dans le tableau ci-dessous.

DégradationunitéLinéaire/Nombre 2014Linéaire/Nombre 2018Ecart entre 2018 et 2014
Glaçage/Ressuage (toutes gravités)ml (*)71 127111 13840 011
Arrachements (toutes gravités)ml (*)27 11081 30254 192
Autres fissuresml72 35590 18317 828
Fissures transversalesu1 8331 144–         689
Réparation (BB et autres)ml (*)31 38427 069–       4 315
TOTALml365 765366 663
(*) le ml est l’unité historiquement utilisée compte-tenu des moyens de relevés disponibles dans les années 80-90 lors des débuts de l’auscultation. Avec les moyens modernes, il faut pouvoir basculer en m², indicateur plus pertinent pour ces natures de dégradations.

On mesure de façon certaine une augmentation des dégradations suivantes sur ces 365/366 km d’itinéraires :

  • 40.011 ml supplémentaires de glaçage/ressuage (toutes gravités),
  • 54.192 ml supplémentaires d’arrachements (toutes gravités),
  • 17.828 ml supplémentaires d’autres fissures.

On mesure également par ailleurs une diminution de :

  • 689 unités de fissures transversales,
  • 4.351 ml de réparations (BB et autres).

Si la comparaison ne porte que sur des notes ou sur des états de type bon état/ état nécessitant un entretien/mauvais état, la comparaison est beaucoup moins pertinente voire fausse. En effet, les notes, regroupées ensuite en classe d’états, sont calculées :

  • En pondérant différentes natures de dégradations,
  • Elles-mêmes considérées sur une certaine longueur, historiquement et encore aujourd’hui par certains bureaux d’étude dont le CEREMA, 200 m.

Commentaires sur la pondération : Dans le cas du tableau précédent, la note serait par exemple calculée en pondérant, entre autres, les arrachements et les réparations. La diminution des linéaires (à défaut de disposer de surfaces) de réparations pourrait « compenser » l’augmentation des linéaires (à défaut de disposer des surfaces) d’arrachements. Ainsi pourrait-on conclure que la qualité du réseau, en regardant les notes, est restée stable.

Commentaires sur les longueurs servant aux calculs de note : si les dégradations sont rapportées à des pas fixes de 200 mètres de chaussée, on additionne des pas de 200 m pour établir des longueurs. Ainsi si 10 pas de 200 m ont une note de 5/10, 2000 ml (10*200 ml) l de chaussée sont considérés comme ayant une note de 5/10.

Ainsi sur le même réseau de 365/366 km, NextRoad a appliqué la méthode consistant à plaquer les dégradations en % sur des pas fixes de 200 m. NextRoad a alors mesuré que :

  • 717 tronçons de 200 m s’étaient dégradés en glaçage/ressuage (toutes gravités) entre 2018 et 2014, soit 200 mètres *717 ou 143.400 ml. Pour mémoire, la réalité est de 40.011 ml.
  • 731 tronçons s’étaient dégradés en arrachements (toutes gravités) entre 2018 et 2014, soit 200 mètres *731 ou 146.200 ml. Pour mémoire, la réalité est de 54.192 ml.

Cela s’explique très facilement par les schémas suivants :

Cas n°1 :

Chacun des tronçons de 200 m est dégradé à hauteur de 50% de sa longueur. Si le calcul de la note indique qu’à partir de 50% de dégradation, la note est de 5/10, on obtient 2 tronçons à 5/10 soit 400 mètres de routes à 5/10.

Cas n°2 :

Les mêmes dégradations que ci-dessus sont concentrées sur 1 seul tronçon. Si le calcul de la note indique qu’à partir de 50%, la note est de 5/10, on obtient 1 tronçon de 200 mètres à 5/10 et un tronçon de 200 mètres à 10/10. Ce n’est pas la même chose que dans le cas n°1 alors que les dégradations sont les mêmes dans les 2 cas. Seul le traitement de la donnée diffère.


En conclusion,
les grands indicateurs tels que notes, états de type, bon état/état nécessitant un entretien/mauvais état, doivent IMPERATIVEMENT faire l’objet d’une approche critique. Seule la comparaison des dégradations réelles, en unité, ml ou mieux en m² permet de ne pas affirmer des choses non démontrées.

Pour pouvoir affirmer que « les routes se dégradent », il faut pouvoir prouver que le nombre de dégradations, en nombre, en linéaire ou en surface a augmenté. Ceux qui affirment cela aujourd’hui n’en ont jamais apporté la preuve. Au mieux, il s’agit d’un ressenti, d’un sondage et pas d’une mesure. Ce qui ne se mesure pas, ne progresse pas.